Jusqu’à Vézelay : le
chemin de Saint-Jacques
Voyez sur ce thème la revue alluMeuse de ce mois de juin...
Voyez sur ce thème la revue alluMeuse de ce mois de juin...
L’un de ses itinéraires du grand
pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle traverse notre région. Namur se
situe en effet à la jonction de la Via
mosana, qui vient d’Aix-la-Chapelle et de la Via monastica, sentier qui mène à Vezelay (GR 654). De Namur à
Saint-Jacques par la voie historique de Vézelay et Saint-Jean-Pied-de-Port, le
tracé est long de 2.600 km. Certains quittent cependant la basilique
Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay pour prendre la direction du Puy en Velay,
Arles et Saint-Gilles du Gard, également buts de pèlerinage : je ferai
comme eux, puisque ce dernier tronçon passe à Alès.
L’origine de cette longue marche
en deux mots ? Saint Jacques entreprit au Ier siècle
l’évangélisation de la péninsule ibérique. Décapité à son retour en Palestine,
il aurait été transporté en secret aux lieux de sa prédication, recevant une
sépulture en Galice. On perdit la trace du tombeau, jusqu’à ce que l’ermite
Pelayo voie une pluie d’étoiles tomber sur une colline où il se trouvait,
donnant ainsi naissance au culte de saint Jacques…
Namur a toujours été une étape
importante du Saint Jacques pour les pèlerins venant du Nord (Flandre et
Hollande) et de l’Est (Allemagne) par la Via
mosana, ce que rappelle l’itinéraire balisé de coquilles en bronze tracé
dans la ville. L’église Saint-Jacques, qui date de 1757, occupe un site qui abritait
un hospice d’accueil des pèlerins, situé à l’extérieur de la troisième enceinte.
Le beffroi, également appelé tour Saint-Jacques et daté de 1388, est l’un des
56 beffrois de Belgique et de France classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le pied reliquaire de saint Jacques, qui fait partie du trésor d’Hugo d’Oignies,
et la statue du saint par le Maître de Waha sont exposés au Musée des Arts
Anciens du Namurois, rue de Fer.
Du côté belge, la « Voie de
Vézelay » suit en partie le GR 125 (« Tour de l’Entre-Sambre-et-Meuse ») et le
GR 126 (de Bruxelles à Membre-sur-Semois). Le chemin est physique, escaladant
les coteaux de la Meuse, Bois-de-Villers et Rivière sur la rive gauche, Godinne,
Évrehailles et Leffe sur la rive droite. A Dinant, il faut un peu chercher pour
trouver les traces l’ancien pèlerinage : il y a la rue Saint-Jacques, bien sûr, avec au n° 114 une statuette rappelant
l’église dédiée au saint ; au n° 123 de la rue Grande, s’élevait un
hôpital doté d’une chapelle où les pèlerins faisaient étape. L’église
Saint-Lambert de Bouvignes garde dans le mur du chœur le souvenir d’un pèlerin
assidu du XVIIe siècle. Sur une pierre gravée, on peut en effet lire
: LAMBERT MELAV / LEQVELLE AT / FAICT PAR TROY / FOIS LE VOYAIE / MS R St IACQZ
1677.
La « voie de Vézelay » serpente ensuite
dans la haute vallée mosane, avec ses falaises de calcaire, ses crêtes boisées
et ses prairies verdoyantes. L’abbaye de Hastière-par-delà, avec sa superbe abbatiale
romane, avait son refuge ; le pèlerin moderne ne manquera pas non plus les
hauts lieux que sont le château et les jardins de Freyr ou Soulme, un des plus
beaux villages de Wallonie. Le pèlerin
s’éloigne de la Meuse pour longer l’Hermeton jusque Soulme, puis Vodelée. Une
bonne heure de marche mène alors Doische. Petite incursion en France – la cité
médiévale de Hierges – puis en route pour le pays de Toine Culot, où l’on suit
les méandres du Viroin que l’on traverse à Vierves. A partir d’Olloy, on
remonte dans les bois vers Oignies et la frontière est franchie, cette fois
pour de bon, à Moulin-Manteau.
Côté français, le GR 654 remonte
la Meuse dans une mosaïque naturelle découpée de grandes parcelles boisées,
vestiges de l’antique forêt d’Ardenne. Le chemin de Saint Jacques traverse donc
du nord au sud le département des Ardennes. Il passe d’abord à Rocroi, réputé
pour sa fortification en forme d'étoile et lieu chargé d'histoire depuis la
bataille qui a opposé le 19 mai 1643 Français et Espagnols. Après le plateau de
Rocroi vient la Thiérache, avec le lac des Vieilles-Forges, puis Signy-l’Abbaye,
bourg de traditions, où une abbaye de l’ordre de Cîteaux a été fondée en 1135
sous la direction de saint Bernard de Clairvaux. Dernière étape ardennaise, Château-Porcien,
car au-delà, c’est la Marne et Reims, la Champagne crayeuse qui cédera le pas à
la Champagne humide…
Pèlerins malgré eux
Le pèlerinage a pris
très tôt un caractère pénitentiel : dès le VIe siècle en Occident,
ce voyage pieux fut imposé pour expier des fautes. Réservé d’abord aux péchés
les plus graves des religieux, il sanctionna bientôt les fautes plus légères et
s’étendit aux laïcs, selon une véritable tarification dont usaient les
confesseurs : les destinations ne manquèrent jamais et il se trouvait
toujours quelque lieu saint établi à une distance proportionnée à la gravité du
péché. Dans certaines régions, le pèlerinage déborda du cercle religieux pour
devenir une peine afflictive imposée par les tribunaux laïcs pour des délits de
droit commun. Le pèlerinage judiciaire devint ainsi l’ordinaire des tribunaux
urbains des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la Suisse ; cette pratique, peu
connue dans les régions françaises, était très courante à Namur, où elle
subsista jusqu’au XVIe siècle. Ils partaient en groupe, deux fois
par an. Les condamnés devaient aller plus ou moins loin selon la gravité du
délit, et rapporter à leurs juges la preuve de l’accomplissement du pèlerinage.
La peine de mort guettait d’ailleurs les tricheurs…
Bonne expiation :-)
RépondreSupprimerBon pèlerinage! Nous prierons pour toi demain lors de nos visites aux monastères des Météores...
RépondreSupprimerFrançoise et Jean Pol